Le généathème proposé par Sophie
Boudarel ce mois-ci nous suggère de brosser des portraits d’ancêtres d’après
une photo.
Je vais vous présenter un
couple : l’oncle Georges François
(mon grand-oncle côté maternel) et sa femme, la tante Marie. Georges Charles
Jean Baptiste est né le 19 janvier 1878 à Prémont, arrondissement de Saint
Quentin (Aisne). C’était le premier enfant de Maria Eugénie Marie Rose HAMET,
âgée de 18 ans. Georges était un enfant naturel que Maria avait eu d’un homme
marié. Pour étouffer le scandale, l’année suivante, le 12 avril 1879, à
Prémont, Maria a épousé Louis Xavier Victor François,
et celui-ci a généreusement accueilli le petit Georges comme son propre fils. L’enfant
a été légitimé par le mariage de Maria avec Louis, et Georges HAMET a pris le
nom de Georges François.
Georges était le premier enfant d’une
longue série. Chaque année, Maria tombait enceinte. J’ai compté 16 enfants nés viables (dont des
jumeaux qui n’ont vécu que quelques semaines) et deux enfants morts-nés. Les
conditions de vie devaient être dures car l’un après l’autre ces enfants
mouraient en bas âge. Maria, fatiguée par ses grossesses successives, n’avait sans
doute pas assez de lait pour les nourrir convenablement. De tous ces enfants,
n’ont survécu, hélas, que Georges, Jeanne, Marcel (mon grand-père), Flora et
Damien.
Marie Angéline LETHIEN (tante Marie)
est née le 15 janvier 1880 à Gauchy, arrondissement de Saint Quentin (Aisne).
Elle était la fille de Charles Ferdinand LETHIEN, manouvrier, et de Marie Reine
Victoire BERNARD. Marie était la 6ème et dernière enfant de la
famille. J’ai bien connu tante Marie. C’était une femme active, coquette,
bavarde et rigolote. Elle était une bonne cuisinière et avait travaillé
plusieurs années comme bonne à tout faire dans un café-restaurant à Paris. Elle
n’avait pas fait d’études. A cette époque, à la campagne, l’assiduité à l’école
n’était pas trop strictement exigée, surtout pour les filles. Tante Marie avait
travaillé, très jeune, dans les champs de betteraves au lieu d’apprendre
l’orthographe. Devenue adulte, et entrée dans notre famille par son mariage,
elle nous envoyait des lettres gentilles et amusantes, mais bourrées de fautes.
C’était écrit phonétiquement (comme aujourd’hui les SMS) dans un style parlé
très vivant.
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Tante Marie et oncle Georges avant la guerre (collection personnelle) |
Sur la première photo, qui date d’avant
la guerre, Marie et Georges sont debout devant un décor de verdure, comme on les
représentait à l’époque chez les photographes. Georges appuie sa main gauche
sur un petit guéridon. Ils sont tous les deux plutôt corpulents. Sur la seconde
photo, prise après la guerre (je n’ai malheureusement pas la date exacte), ils
ont bien changé. Le visage amaigri, plus minces de corps, je les trouve plus
beaux, selon nos critères actuels. Ma grande-tante Marie est assise dans un
fauteuil en bois sculpté et l’oncle Georges (que je n’ai pas connu car il est
mort à l’âge de 49 ans) est debout à côté d’elle, la main posée sur le dos du
fauteuil. Je crois qu’il tient une cigarette dans son autre main. Ils ont
encore des cheveux bien noirs. On est en 1918 ou 1919. Marie a 38 ans et
Georges 40 ans.
L’oncle Georges est mort prématurément
d’une maladie infectieuse, le charbon, le 5 janvier 1927 à Paris (à l’hôpital
Saint Joseph). Il allait avoir 49 ans deux semaines plus tard. Le couple
n’avait pas pu avoir d’enfants.
Tante Marie a survécu à son époux de
longues années. Elle ne s’est jamais remariée. Elle est morte dans son petit
appartement parisien le 11 janvier 1968, âgée de 87 ans. Elle avait été veuve
pendant 41 ans...
Nos parents ont connu "les restrictions" (comme ils disaient) durant l'Occupation, mais je vois que la Première Guerre mondiale a eu le même effet sur les silhouettes !
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