jeudi 26 janvier 2017

Un beau mariage

Tout d’abord, je présente mes meilleurs vœux à tous mes amis et lecteurs généalogistes. Que cette nouvelle année vous apporte de belles trouvailles, d’intenses satisfactions, des déblocages, et plein de bonnes raisons de poursuivre et d’approfondir la recherche de vos racines familiales !

L'abbaye de Royaumont
(collection personnelle)

Vous avez peut-être remarqué que j’ai ralenti le rythme de parution de mes billets sur ce blog. Je n’ai pas arrêté mes recherches pour autant, mais plus on avance, plus le chemin est difficile…
En ce début d’année, j’éviterai de prendre des résolutions, car je n’ai pas tenu celles prises l’année dernière. Je suis plutôt du genre « abeille », butinant à droite et à gauche au fil de mon humeur. Et parfois, cela me réussit !
J’espérais pouvoir vous faire partager aujourd’hui mes dernières découvertes, mais la pêche a été maigre. Pourtant, ce mois de janvier glacial est idéal pour faire de la généalogie au chaud à la maison !
J’ai donc décidé de faire le point.
Je m’étais jusqu’ici obstinée à remonter ma branche paternelle en Seine et Marne. Mais où en suis-je de ma branche maternelle ? J’ai imprimé avec Heredis un « arbre de travail » de 27 pages, très lisible. Et pour changer, j’ai orienté mes recherches vers une branche maternelle (qui comportait beaucoup de cases vides) dans le département de l’Aisne, en particulier dans le village de Prémont, au nord de Saint-Quentin (Bienvenue chez les Ch’tis).
J’y ai trouvé le nom et l’acte de décès de mes sosa 98 et 99 puis, à la génération précédente, le nom de mes sosa 194, 195, 196 et 197. Je cherchais leurs actes de mariage, mais dans les années 1785, pas de tables décennales ni même de tables récapitulatives annuelles dans les registres. Pas d’autre solution que de lire (ou du moins feuilleter virtuellement) tous les actes. J’ai alors décidé de privilégier les actes de mariages, les plus fiables et les plus riches en informations (c’était une de mes résolutions de l’an dernier).
C’est ainsi, en butinant, que je suis tombée sur un acte de mariage pas tout à fait comme les autres. Ce ne sont pas des gens de ma famille, mais je vous raconte leur histoire.


AD de l'Aisne, registre de Prémont,  p. 123/240
5Mi1421-1781-1790

Cela se passe en août 1786 à Prémont, dans le Cambrésis, au nord de Saint-Quentin. Le jeune couple : Jean Charles Louis Dumoutier, fils d’un fermier, et Marie Catherine Blutte, issue d’une famille de « mulquiniers »[1] a obtenu une dispense des deuxième et troisième bans. Je suppose que la fiancée est enceinte et que le mariage presse. Une seule publication d’un ban pour première et dernière publication vu la dispense de deux bans accordée par « Monsieur de la Croix vic. gen. de monseigneur l’illustrissime et reverendissime eveque comp de noyon pair de France paraite du sept dudit mois d’aoust et an, signé delacroix vic. gen.  contresigné blancheville secret et dûment insinué au greffe des insinuations ecclesiastiques, en date dud. jour et an signé martin, lequel acte est resté en nos mains : le tout sans nulle opposition d’aucun empéchement soit civil, soit canonique… »   
Mais bien que le mariage soit célébré à Prémont, ce n’est pas le curé qui officie, c’est Dom Théodore du Moutier, religieux de l’abbaye de Royaumont, ordre de Citeaux, diocèse de Beauvais, avec la permission de Monsieur le Curé de cette paroisse (de Prémont) présent et consentant audit mariage.
Je pense que c’est un proche de l’époux, peut-être son frère, mais rien n’est précisé dans l’acte.
Parmi les témoins figure l’oncle de l’époux, Pierre du Moutier, mulquinier.
Je suppose que la règle stricte ne permettait pas aux religieux de célébrer des mariages dans leur abbaye à Royaumont (dommage !), mais ce moine a eu la chance de pouvoir célébrer lui-même le mariage d’un de ses proches. J’imagine qu’il a été invité ensuite aux festivités avant de retrouver sa cellule et sa vie de prière…





[1] Le mulquinier est un ouvrier tisserand qui fabrique des étoffes de batiste et de linon, ou celui qui s’occupe des préparations et du commerce des plus beaux fils, particulièrement de ceux qui sont propres à la fabrication des dentelles.