jeudi 25 septembre 2014

Recherches généalogiques au Japon (1)

Tout en sachant que ni mon mari, ni personne dans ma famille japonaise ne s’intéressait à la généalogie, j’ai voulu tenter de m’y retrouver parmi ses ancêtres.
- première difficulté : la langue. Je parle couramment le japonais, mais mon vocabulaire est limité dans certains domaines. En outre j’ai de la peine à lire les documents officiels. Tant pis ! Je tâcherais de me débrouiller.
- deuxième difficulté : les dates. Les Japonais n’utilisent pas notre calendrier. Les années se comptent à partir d’une ère qui correspond à l’avènement de l’empereur et à laquelle on donne un nom différent à chaque nouvel empereur. Exemple : nous sommes en l’an 25 de l’ère Heisei. Je suis née en l’an 20 de l’ère Showa. Il faut donc recalculer toutes les dates à l’aide de tableaux, comme en France pour le calendrier républicain.

Qu’à cela ne tienne ! Il fallait bien essayer.
Ma belle-mère vient de fêter cette année ses 100 ans. Elle est encore en bonne santé, sauf la vue : elle ne voit pratiquement plus à cause d’une dégénérescence maculaire due à l’âge. Mais l’histoire que je vous raconte remonte à quatre ans. On était en 2010. J’habitais encore au Japon. J’ai téléphoné à ma belle-mère, 96 ans, pour lui proposer d’aller la voir afin de parler de généalogie. J’apporterais une boîte repas (bento) pour chacune de nous, elle n’aurait rien à préparer, et nous pourrions bavarder. Elle a accepté.

Le jour dit, je me suis rendue chez elle en train, à Ofuna. C’est à l’autre bout de Tokyo, à l’ouest, alors que nous habitons à l’est. Le trajet dure 2h. Nous avons déjeuné tranquillement, puis j’ai sorti mon cahier et mon stylo et j’ai commencé à l’interroger. Elle avait une mémoire extraordinaire. Masako Yoshida était l’aînée d’une famille de sept enfants. Elle savait l’année de naissance de tous ses frères et sœurs. Je notais scrupuleusement. Elle était née en l’an 3 de l’ère Taisho. Puis étaient venues 4 sœurs, et enfin un garçon en l’an 1 de l’ère Showa et un autre garçon en l’an 4 de la même ère. Elle était la fille de Yazô Yoshida, né le 1er janvier de l’an 18 de l’ère Meiji, proviseur d’une école, et de Tei Okamoto, sans profession, née la même année au mois de juin. Je les ai connus tous les deux lors de mes premiers séjours au Japon dans les années 70, mais je ne parlais pas le japonais, à l’époque, et nous n’avions pas pu communiquer. Ils étaient déjà très âgés. Ma belle-mère n’a pas su me dire la date de leur décès (ou peut-être ai-je oublié de la lui demander). C’est un point que je dois noter pour la suite de mes recherches.


1970- Réunion de famille autour des grands-parents Yoshida (collection personnelle)

Du côté de mon beau-père, Kiyoshi Suzuki était l’aîné d’une famille de sept enfants également (sans compter un premier enfant mort-né). Il était né en l’an 39 de l’ère Meiji. Il avait donc 8 ans de plus que sa femme (vous me suivez ?). Il avait eu 4 sœurs et 2 frères. Il était le fils de Tomekichi Nakahara (le père) et de Tomo Suzuki (la mère). Celle-ci étant fille unique, la famille avait besoin d’un héritier mâle pour continuer le nom. Alors, chose qui se fait couramment au Japon, ils avaient adopté leur gendre, qui avait pris le nom de Keiishi Suzuki.


Village de Kamifunabara, péninsule d'Izu (collection personnelle)

Tomo Suzuki était née en l’an 18 de l’ère Meiji (février 1885) à Kamifunabara, dans la péninsule d’Izu. C’est un petit village tranquille au bord d’une rivière. D’une famille de paysans aisés, et possédant une bonne éducation, le grand-père Keiishi Suzuki, qui avait eu cinq enfants, était venu à Tokyo avec sa femme, et il y avait exercé le métier d’écrivain public. A la retraite, après la guerre, ils étaient revenus vivre dans leur maison, à Izu. Mais après des années paisibles passées à cultiver leur jardin, devenus trop vieux pour rester seuls à la campagne, ils étaient revenus s’installer à Ofuna, chez leur fils, dans une petite maison en bois au bout du jardin (hanaré).

Mon mari a conservé de merveilleux souvenirs d’enfance de ses vacances, l’été, chez ses grands-parents. Avec ses frères, ils jouaient dans le ruisseau, traversaient à gué en sautant de pierre en pierre, essayaient de pêcher de petits poissons avec une canne à pêche de leur fabrication. La grand-mère, toujours agenouillée de manière traditionnelle, préparait la soupe dans l’âtre. On mangeait beaucoup de légumes, accommodés de différentes manières : sautés, bouillis dans la marmite, marinés en « tsukemono », etc. La viande était rare et chère. Parfois, le grand-père allait en vélo acheter du poisson à la ville voisine. Mais il n’y avait pas de réfrigérateur et il fallait le consommer rapidement. Les « sushi » et les « sashimi » n'existaient pas ! En revanche, on pouvait se régaler de poissons  grillés ou séchés.

Voilà toutes les informations (pas seulement généalogiques) que j’ai glanées auprès de ma belle-mère et de mon mari. La grand-mère est décédée le 12 juillet 1971. Il me manque la date du décès du grand-père, probablement avant sa femme. Je ne les ai pas connus. En avril 2002, nous avons fait un petit voyage à Izu, et nous avons visité le village de Kamifunabara. Mon mari a reconnu la maison (en ruines) et l’endroit où sa grand-mère, accroupie, les attendait, ses frères et lui, à la descente de l’autobus. Nous avons aussi effectué un petit pèlerinage au cimetière. Nous avons rencontré le bonze du temple et nous avons bavardé avec lui. Il s’est souvenu du professeur Kiyoshi Suzuki et de son frère, le peintre Mitsuru Suzuki. Il avait même reçu en cadeau un tableau de ce dernier, qu’il conservait précieusement. Mais les cendres des grands-parents ne sont plus au cimetière. Elles ont été transférées, il y a quelques années, à Kamakura, dans le caveau familial.


jeudi 18 septembre 2014

Portrait d'un poilu

« L’oncle Louis », en réalité mon grand-oncle Louis Jules François, le frère aîné de mon grand-père, était le fils de mon arrière-grand-père Louis Xavier Victor François et de Maria Eugénie Marie Rose Hamet, son épouse. Comme j’ai pu le vérifier très souvent dans ma généalogie, on donnait généralement le prénom du père au premier garçon de la famille. Né en 1881 à Prémont, dans l’Aisne, Louis, devenu blanchisseur à Oëstres (prononcer « ouatte »), dans la banlieue de Saint-Quentin, avait épousé le 2 juin 1906, à l’âge de 25 ans, Marthe Eugénie Gabrielle Delaplace, ourdisseuse, qui demeurait à Etreillers, à quelques kilomètres au sud-ouest de Saint-Quentin.

L’année suivante, le couple avait eu une petite fille, Yvonne Léonie Flora. Louis et Marthe avaient vécu quelques années heureuses. Hélas, en 1914, la guerre avait éclaté. Louis, âgé de 33 ans, avait été rappelé sous les drapeaux. Après quelques mois de durs combats, il était revenu en permission dans sa famille. Louis ne s’était pas étendu en récits sur les horreurs de cette guerre de tranchées, mais il avait dit à sa femme :
- Je n’en reviendrai pas.

C’était prémonitoire. Il est mort le 2 octobre 1914 sur le champ de bataille au Four de Paris (en Argonne) : « tué à l'ennemi ».

J’ignorais tous ces détails avant d’entreprendre mes recherches généalogiques, et personne dans la famille ne m’en avait jamais parlé. C’étaient des souvenirs trop douloureux.


Soldats et ruines, source Wikimedia Commons

Sur le site « Mémoire des Hommes », j’ai trouvé une foule de renseignements, y compris les fameux J.M.O. (journaux de marches et opérations). J’ai lu avec émotion le récit détaillé de la bataille à laquelle a participé le soldat de 2ème classe François Louis Jules, matricule No. 013229, avec le 87ème régiment d’infanterie, au Four de Paris, en Argonne.

Le texte est sec, d’une précision toute militaire :
« 1er octobre 1914
1) Le colonel se porte personnellement avec le bataillon Le Doray sur le Four de Paris, et y prend le commandement des troupes qui opèrent en ce point, à cheval sur la route de Varcennes, dans la direction de la Barricade Pon.
2) Le bataillon Maupoil (3 compagnies) est parti sur la Harazée pour y être mis à la disposition du général de la 4ème DI (la 1ère compagnie est maintenue dans la région de la Croix Gentin. Le but de ce mouvement, indiqué par l’ordre d’opérations, est de rejeter sur le NE l’ennemi qui s’est infiltré dans la vallée de la Biesme, de réoccuper la Barricade Pon de St Hubert et de se retrancher solidement en ces forêts »…

Mais les Allemands redoublent d’activité et les compagnies doivent regagner les premiers retranchements de la journée. Les pertes du bataillon Le Doray furent dans cette journée de 17 blessés et 14 disparus. Les pertes du bataillon Maupoil furent de 1 tué, 13 blessés et 14 disparus.

Le lendemain, 2 octobre, « l’ordre d’opérations prévoit le regroupement du 87ème régiment d’infanterie (c’est le régiment de mon grand-oncle) sous le commandement du coloner Reuscher, mais les troupes françaises ne parviennent pas à tenir la cote 211, la Chalade et la rive gauche de la Biesme entre ces deux points. Le bataillon Le Doray, arrêté à 250m des tranchées allemandes, se fortifie. Le bataillon Maupoil, en 2ème ligne, occupe St Hubert Pon évacué par les Allemands et se relie à droite, par le ravin de la Fontaine de Mertier, avec le 128ème qui attaque Barricade Pon. Le bataillon bivouaque sur ses emplacements. Les pertes pour la journée sont de 1 tué, 7 blessés et 6 disparus ».

Tel est le récit de la bataille qui a coûté la vie à mon grand-oncle.

Louis avait 9 ans de plus que mon grand-père. Celui-ci aussi avait été soldat et il avait même été blessé par un éclat d’obus. Mais après le décès de son frère Louis, mon grand-père a été retiré du front et envoyé à l’arrière. Cela lui a probablement sauvé la vie. 

Pour ceux qui sont revenus vivants du conflit, comme mon grand-père, la vie a repris son cours. Contrairement à beaucoup de gens, qui traditionnellement préféraient avoir un fils, mon grand-père s’est réjoui d’avoir une fille (ma mère), car les filles ne font pas la guerre… Mais pour les familles en deuil, rien n’est redevenu comme avant. Les veuves ont dû faire face à des difficultés matérielles, à la responsabilité d’élever leurs enfants, à la solitude. La fille de Louis et de Marthe, la petite Yvonne, n’a pas connu longtemps son papa : elle avait tout juste sept ans quand il est mort.



jeudi 11 septembre 2014

La numérotation Sosa

Je cherchais une idée de cadeau pour mon petit-fils (10 ans ½), quand je suis tombée sur une offre publicitaire : un coffret de généalogie. Ce n’était pas spécialement destiné aux enfants, mais la présentation m’a parue agréable et ludique, en particulier trois arbres généalogiques illustrés grand format, un fascicule d’explications pour les débutants et un petit carnet de notes à la couverture glacée joliment illustrée aux couleurs vives. Mon petit-fils allait-il s’intéresser à la généalogie, ou mettre le paquet dans un coin pour retourner à sa DS ou autres jeux électroniques ? Y a-t-il un âge pour commencer la généalogie ?

Le gros paquet enveloppé dans du papier doré (j’adore faire des paquets-cadeaux) a aussitôt séduit mon petit Pierre. Il a délicatement ôté le ruban adhésif pendant que son petit frère (5 ans ½) arrachait avec impatience le papier fantaisie qui cachait son Playmobil. Pierre est soigneux. C’est bon signe. Enfin, il a découvert le paquet, qui se présente comme un jeu, mais n’en est pas un. Il est venu me faire un bisou pour me remercier et il a aussitôt déplié les arbres généalogiques. Le premier sur trois générations, le second sur cinq générations, et un troisième sur six ou sept générations (je ne sais plus).

Puis il a ouvert le petit carnet, qui permet de noter les noms, prénoms, dates et lieux des principaux événements de la vie de chaque personne de la famille. Il a voulu l’utiliser aussitôt.
- Par qui on commence ?
- Par toi. Tu es le numéro un. Le "de cujus". C'est du latin, et cela signifie "celui dont" on établit la généalogie.

Avec application, Pierre a écrit (au crayon papier, pour pouvoir gommer en cas d’erreur) sa date et son lieu de naissance, ainsi que le nom de son papa. Mais il ne savait pas tout. Heureusement, Papa était là, juste à côté. Pierre a pu l’interroger :
- Tu as d’autres prénoms, à part Philippe ?
- Oui. Jean et Michel.
- Tu es né quand ? Et où ?
Pierre notait soigneusement.
Pour la date du mariage, il a fallu demander à Maman !
Ensuite, le petit généalogiste en herbe a découvert que pour les femmes, il fallait commencer par écrire le nom de jeune fille. Voilà ! La première fiche était remplie.



Alors, je lui ai expliqué que la fiche numéro deux serait celle de son papa, et la fiche numéro trois celle de sa maman, puis la fiche numéro quatre celle du père de son père, la fiche numéro cinq celle de la mère de son père, la fiche numéro six celle du père de sa mère, la fiche numéro sept celle de la mère de sa mère, et ainsi de suite. Pierre est un bon élève à l’école. Il a tout de suite compris. Et moi qui n’aime pas les mathématiques, en lui expliquant ainsi, de manière toute naturelle, la numérotation Sosa, je l’ai trouvée en effet simple et logique, alors que la méthode m’était apparue lourde et contraignante jusque là. "Docendo discitur" : on apprend bien des choses, en enseignant aux enfants !

Comme toute la famille était réunie pour les vacances, Pierre a pu poursuivre son enquête en allant interroger Papa (Sosa 2), Maman (Sosa 3), Papi (Sosa 4), Mamie (Sosa 5), Ojiitchann (grand-père, en japonais) (Sosa 6) et Mamicole - c'est moi ! - (Sosa 7). Un bon début ! Si jamais à l’école on leur parle de généalogie, je suis sûre que Pierre lèvera la main pour répondre et sera volontaire pour présenter sa famille selon les règles de l’art. Une autre fois, je lui expliquerai qui était Jérôme de Sosa.

Je suis une Mamie comblée. J’ai réussi à transmettre ma passion à mon petit-fils.


mercredi 3 septembre 2014

Adieu à ma mère

Ma mère vient de mourir, le 25 juillet dernier, à l’âge de 95 ans. C’est ce qui m’a décidée à ouvrir mon blog. J’y pensais depuis quelque temps déjà, mais j’avais autre chose à faire : ma mère souffrait d'une insuffisance cardiaque. Sa santé devenait de plus en plus fragile (elle était tombée plusieurs fois et s’était récemment cassé le col du fémur). A chacune de mes visites, je lui parlais de mes recherches généalogiques et de la famille, pour éveiller ses souvenirs. Elle avait une bonne mémoire et me parlait volontiers d’Un Tel ou Un Tel, me racontait des anecdotes, et je notais soigneusement dans un carnet. Je me disais toujours :
- La prochaine fois, je lui demanderai ceci ou cela.

Il n’y aura pas de prochaine fois. Plus jamais. Ces mots me font mal. Son absence a créé en moi un grand vide. Mon père était mort il y a trois ans. Ma mère était la doyenne de la famille. Comme je suis fille unique, c’est à moi qu’il revient d’écrire tous ces souvenirs. J’avais entrepris, après la lecture de l’excellent livre d’Hélène Soula[1], la rédaction de l’histoire de ma famille. Mais, consacrant beaucoup de temps à ma mère (visites, démarches administratives et coups de téléphone quotidiens), je n’avais finalement plus rien écrit depuis l’été 2013. Et quand on n’écrit pas, la plume se rouille !




Ma mère : en attendant bébé (collection personnelle) 

Ma mère ne faisait pas de généalogie. Pourtant, j’ai retrouvé dans ses affaires des petits carnets qui sont une mine d’or. Elle notait au jour le jour les événements marquants dans le monde, les anniversaires de toutes sortes, les mariages et décès des célébrités, etc. Sur deux autres petits carnets, à vocation nettement plus généalogique, ma mère écrivait les lieux et dates de naissance et de décès (quand elle les connaissait) des personnes de la famille, mais aussi des voisins et amis, du Pape et des personnalités (surtout nobles) dont on parlait à la radio ou dans la revue « Point de vue et images du monde ». Elle faisait du « scrapbooking » sans le savoir, découpant des photos qu’elle arrangeait dans des albums de format carte postale. J’en ai retrouvé une bonne vingtaine, classés par thème. C’est touchant.

Dépouiller tous les petits carnets de ma mère sera long et émouvant. Cela remue en moi toutes sortes de souvenirs enfouis. J’ai l’impression que ma mère est encore là, près de moi, à me parler de toutes ces personnes, comme lorsque j’allais la voir à la maison de retraite, ces dernières années. Les informations se succèdent sans aucun ordre. Je lui disais toujours de faire des fiches, une par personne, pour qu’on s’y retrouve. Elle n’a pas eu le courage de s’y mettre. Elle se plaignait souvent d’être fatiguée, les derniers temps. Il faudra donc que je le fasse à sa place. Je n’exclus pas d’y découvrir des trésors !

Ma mère avait aussi effectué des recherches pour retrouver une cousine qu'elle avait perdue de vue. Toutes les étapes de l'enquête (lettres envoyées à des mairies, à quelle date, coups de téléphone passés et les réponses obtenues (ou non) sont réunies dans une enveloppe. C'est incroyable ! La persévérance paye : ma mère a retrouvé sa cousine à Valentignay, dans le Doubs, et elles ont correspondu pendant quelques années. Dans ses lettres, ma mère fait pour sa cousine un résumé de la vie de notre famille restée dans la région parisienne. Une aubaine pour moi !



Mes parents m’ont laissé également leurs livres de comptes, un par an depuis l’année de leur mariage, en 1942, dans lequel ma mère notait intégralement, au jour le jour, tout ce qu’elle achetait. Mon père faisait les récapitulations mensuelles, une récapitulation annuelle, et des statistiques sur leur consommation par poste (alimentation, habillement, transports, loisirs, etc.). Je peux donc savoir le prix, en 1943, d’un litre de lait, d’un pain, d’un journal, d’un carnet d’autobus, d’un kilo de sucre, le salaire de mon père et même la facture de gaz ! Je n’ai pas encore eu le temps de les regarder en détail. Je n’ai fait que les feuilleter. Au fil des années, après ma naissance, les livres de comptes se sont enrichis de notes sur notre vie de famille : une maladie, une naissance, un accident, etc. C’était un journal intime sans commentaires, pas une oeuvre littéraire.

J’ai retrouvé aussi des lettres, beaucoup de lettres. Lettres d’amour quand ils étaient fiancés, mais aussi des lettres plus prosaïques. Mes parents ont été séparés à cause de la guerre, et dans leurs lettres ils évoquent (avec prudence) l’un la zone libre, l’autre la zone occupée. Je leur suis vraiment reconnaissante de les avoir gardées ! Ce sont de précieux témoignages. Ma grand-mère maternelle, au contraire, n’aimait pas s’encombrer de papiers. Les lettres de mon grand-père, elle les a brûlées ; les souvenirs, elle les a jetés ! Dommage…

C'est peut-être la raison pour laquelle je me passionne pour la généalogie. En psycho-généalogie, on dirait que c'est une activité de "réparation". J'ai toujours adoré faire des puzzles. Celui que j'ai entrepris, qui représente ma famille, est le plus gros et le plus difficile que j'aie jamais tenté de réaliser. Il dépasse certainement les 1000 pièces. Et il n'y a pas de modèle sur la boîte ! 







[1] Écrire l’histoire de sa famille, éditions Eyrolles.