Il y a 4 ans, quand j’ai commencé ma
généalogie, je suis partie tête baissée sur ma branche paternelle (lignée
agnatique), puisque c’était en France, jusqu’à très récemment, le père qui
donnait son nom à la famille. Je ne le savais pas encore, mais ce n’était pas
une bonne idée.
Au début, j’ai trouvé ça facile. Mes
ancêtres étaient restés en Seine et Marne depuis plusieurs générations et ce
département a mis en ligne tous les actes d’état-civil. J’ai donc pu remonter
sans trop de difficultés jusqu’à mon arrière-grand-père Marie Nicolas Mouton.
C’était très encourageant. Ma méthode était rudimentaire. Je notais à la main
le résultat de mes recherches sur un petit cahier (oui, oui, ne riez
pas !).
Puis je me suis décidée à taper tous
les actes que j’avais trouvés et à les classer dans un dossier par ordre
chronologique sur mon ordinateur. Par précaution, j’ai imprimé sur papier ces
mêmes documents et je les ai rangés dans un dossier Exacompta.
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^Baptême de Nicolas Mouton le 10 mars 1682 à Ozouer-le-Voulgis AD de Seine-et-Marne, 5MI5380 (vue 32) |
Je me suis inscrite sur Geneanet. J’ai
commencé à rentrer les noms et les dates des événements (naissance, mariage et
décès) des membres de ma famille. Cela m’a permis de visualiser mon arbre,
encore peu fourni.
C’est à ce moment-là que j’ai pris
conscience de mon absence de méthode. En matière de généalogie, il faut être
précis et rigoureux. Avec un logiciel spécial, ce serait peut-être plus
facile ? J’ai acheté Heredis.
Comme le nombre de personnes de mon
arbre augmentait et que je commençais à avoir du mal à m’y retrouver, j’ai
inventé un tableau sur Excel pour noter et imprimer, à chaque génération, le
père, la mère et tous leurs enfants. Je m’obstinais avec mon arbre ascendant
agnatique… Je suivais toujours les pères, négligeant les branches maternelles.
Pourtant, comme dit le dicton latin : « mater
semper certa est, sed pater incertus ». On connaît avec
certitude la mère (sauf cas de tricherie), mais il est difficile de
prouver qui est le père (à cette époque, on ne connaissait pas l’ADN).
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Ascendance de mon arrière-arrière-grand-père Nicolas Marie Mouton |
C’est ainsi que je me suis cassé le
nez dans ma recherche en arrivant à mon arrière-arrière-grand-père Nicolas
Marie Mouton. Mais je n’ai pas compris tout de suite. J’ai encore remonté la
lignée sur six générations, et j’étais très fière d’avoir trouvé un ancêtre,
Nicolas Mouton, né en 1682 à Ozouer-le-Voulgis (Seine et Marne).
Mais est-il vraiment mon
ancêtre ?
C’est une question de nom.
En relisant plus attentivement l’acte
de naissance de mon arrière-grand-père, Marie Nicolas Mouton, le 12 novembre
1870 à Verneuil l’Etang, j’ai découvert que la déclaration avait été faite, de
manière inhabituelle, par son grand-père maternel, Christophe Désiré Granday.
L’enfant était né chez un certain Antoine Chevallier, dont on ne sait rien, et
qui n’est pas de la famille, apparemment. La mère, Hermine Victorine Léonie
Granday, avait 39 ans et le père, Nicolas Marie Mouton, domestique, âgé de 49
ans était absent, son domicile inconnu.
J’ai d’abord pensé que mon
arrière-arrière-grand-père était allé chercher du travail dans une autre
commune ou même dans une autre région, faute de trouver un emploi sur place. Cela
se faisait couramment à l’époque. Mais s’il était vraiment parti travailler
ailleurs pour nourrir sa famille, sa femme aurait su son adresse ! Alors
je me suis dit que le bonhomme, un gagne-petit, effrayé par ses
responsabilités de père qu’il ne pouvait pas assumer, avait quitté sa
femme, quand elle s’était trouvée enceinte, et s’était volatilisé. Ou bien que
le couple ne s’entendait pas bien et qu’il était parti.
En effet, deux ans plus tard, le 20
juin 1872, naissait à Verneuil l’Etang un second enfant, Louis Marie, déclaré
cette fois par la sage-femme (j’ai su plus tard que le grand-père Christophe
Désiré Granday était décédé le 3 février de la même année), « né de Hermine Victorine Léonie Granday, sans
profession, âgée de 41 ans, domiciliée dans cette commune, épouse de Marie
Nicolas Mouton, domestique, âgé de 51 ans, absent de cette commune et dont le
domicile est inconnu »…
Cette deuxième naissance confirmait ma
seconde hypothèse. A moins d’imaginer que Nicolas Marie Mouton revenait chaque
année en catimini faire un enfant à sa femme pour disparaître à nouveau
ensuite, il fallait bien se rendre à l’évidence : Hermine Granday devait
avoir un amant ! J’en ai eu l’intime conviction lorsque, deux ans plus
tard, naissait un troisième enfant, Charles-Alexandre. Le père était toujours
absent. Il me restait à trouver des preuves. Qui était l'amant ? Je me suis donc lancée dans une
gigantesque battue dans les recensements de la Seine et Marne… (à suivre)
Ah ah ! On attend la suite avec impatience…
RépondreSupprimerUn vrai vaudeville ! J'attends la suite...
RépondreSupprimerJ'adore ! Ce n'est pas "Plus belle la vie ! ", c'est "Plus belle la généalogie ! " . Quelle chance ! Mes ancêtres ont, semblent-ils, toujours été très sages...
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