samedi 23 août 2014

Pourquoi faire de la généalogie ?

Les motivations sont diverses. Chacun a ses raisons, qu’il croit connaître. Tant qu’on n’a pas commencé de recherches sur sa famille, c’est que le besoin ne s’est pas fait sentir. Pourquoi, un jour, décide-t-on de faire de la généalogie ?

J’ai vécu 25 ans au Japon. Dans mon pays d’adoption, la généalogie n’est pas à la mode comme ici. Les registres ne sont pas numérisés, et ils ne sont pas consultables, sauf au moment d’un décès pour  établir la succession. Encore ne peuvent demander à les voir que les personnes de la famille concernée. D’autre part, les Japonais craignent, en fouillant dans le passé, de découvrir de mauvaises surprises, plutôt que de bonnes. En pratique, les gens demandent (parfois) à des généalogistes spécialisés de faire une enquête sur la famille de leur futur gendre ou de leur future belle-fille pour être sûrs qu’il/elle n’appartient pas à la communauté des « burakumin », ces descendants de la caste des parias de l’époque féodale, des marginaux qui vivaient en occupant des emplois « sales » liés au sang et à la mort des animaux, comme équarrisseur, boucher, tanneur, abatteur d’animaux.

En 1871, l’abolition du système des castes féodales libère les burakumin et permet leur inscription sur les registres d’état civil comme « nouveaux citoyens ». Cependant, cette minorité perd son monopole sur les métiers du cuir et s’appauvrit rapidement. Malgré la lutte des burakumin et les efforts du gouvernement japonais pour améliorer la situation matérielle des ghettos, la discrimination des burakumin perdure aujourd’hui. Certaines personnes issues de cette minorité tentent d’effacer les traces de leurs origines et de s’intégrer à la société normale. Cette stratégie est souvent mise en échec par l’existence des annuaires (officiellement interdits) qui recensent les personnes issues de cette communauté. Parler de ce sujet dans la société japonaise reste encore extrêmement délicat, même de nos jours.[1]




 Je n’avais donc pas à me préoccuper de retrouver mes ancêtres japonais (puisque mon mari est japonais). Du côté français, je n’étais pas obsédée non plus par la quête de mes origines, au demeurant fort modestes. Cependant, je vivais à l’étranger depuis de nombreuses années. Mes parents vieillissaient et leur santé devenait fragile. J’ai ressenti pour la première fois une vague nostalgie de mon pays natal. Pendant les vacances d’été, voulant éviter la chaleur humide de Tokyo, je suis rentrée en France pour voir mes parents et amis. J’ai passé une semaine à Aussois, en Savoie, à 1.500 m d’altitude, le village de mon enfance.

J’y ai retrouvé mes amies. Deux d’entre elles faisaient de la généalogie et m’ont parlé avec enthousiasme de leurs recherches. A Paris, j’ai retrouvé Dominique, une camarade de promotion qui faisait aussi de la généalogie avec la même passion.

Avant de repartir au Japon, avec mon mari, nous sommes allés voir notre fille et nos petits-enfants, à Strasbourg. Chez le marchand de journaux, tandis que mon mari cherchait « Le Monde » et les DNA (dernières nouvelles d’Alsace), je suis tombée par hasard sur « La revue française de généalogie ». Je l’ai feuilletée rapidement, tout excitée. Oui, c’était cela qu’il me fallait : « Quelques conseils pour débuter ». Je n’ai pas tergiversé longtemps. J’ai acheté la revue.

Sans le savoir, j’avais mis le doigt dans l’engrenage…




[1] Voir l’article de Wikipedia sur ce sujet, et le livre cité de Jean-François Sabouret, un spécialiste du Japon.

7 commentaires:

  1. Bienvenue dans la blogosphère, Nicole ! Je pensais bien que tu finirais par craquer, toi aussi, et tu m'en vois ravie.

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  2. Bienvenue Nicole ! Et merci pour ce premier article passionnant qui nous permet de découvrir la vision de la généalogie au Japon.
    A bientôt,
    Elise

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  3. Bonjour,

    Voilà un article dépaysant comme je les aime car il m'ouvre les yeux sur d'autres cultures, d'autres coutumes.

    Merci

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  4. Bienvenue dans la généasphère. Tu verras : on devient vite addict !
    Au plaisir de te lire et de voyager avec toi...

    Mélanie - Murmures d'ancêtres

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  5. Merci à tous pour vos commentaires encourageants ! Je fais mes premiers pas dans la blogosphère, et j'espère séduire mes lecteurs (?)...

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  6. Merci pour cet article qui nous permet de découvrir une autre facette de la généalogie et bienvenue dans la blogosphère.
    Au plaisir

    Evelyne - http://www.ciel-mes-aieux.com

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  7. Hyper intéressant, j'e ne connaissais pas cette histoire de caste!

    Merci pour ce billet inattendu :)

    L'Alsace et le Japon, le lien existe concrètement puisque elle a été une des première région d’Europe avoir, avec lui, un suivi commercial et amical dès 1858!

    Pour l'anecdote, je me souviens d'un discours entièrement en Alsacien d'un PDG japonais qui venait pour la première fois dans son usine Haut-Rhinoise!

    Cela ne date pas d'hier, école franco-japonaise, associations diverses, le japon est bien représenté et apprécié ici.



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